dimanche 17 décembre 2017

« ne nous induis(ez) pas en tentation », la suite

Commentaire adressé à un commentateur qui propose, avec l'abbé Carmignac, « ne nous laisse pas consentir à la tentation » :

J'aime assez cette traduction. Mais comme le remarquent justement certains (l'initiative des catholiques francophones a été remarquée dans d'autres sphères linguistiques), triturer la traduction d'une prière qui nous lie avec la trame des fidèles du passé n'est pas un bon signe.
Encore une fois, les versions en de nombreuses langues européennes disent plus ou moins « ne nous induis(ez) pas en tentation » et personne ne trouve rien à redire. Jusqu'à cette drôle d'initiative des francophones. Cela signifie sûrement quelque chose.
Si le verbe « induire » ne convient pas parce qu'il ne serait pas d'un usage assez courant, que penser des formules archaïques de la version anglaise par exemple ?

Pourquoi cette rereformulation ?
C'est à en perdre son latin.


jeudi 23 novembre 2017

« ne nous induis pas en tentation » 2

Voici un commentaire que je viens de soumettre à l'imprimatur de l'abbé de Tanoüarn sur son blogue, concernant les spéculations fumeuses de R. Enthoven, suscitées par la nouvelle traduction du « Notre Père » :

Que pensez-vous de l'expression « ne nous induis pas en tentation », qui n'a pas emporté les faveurs du comité de révision ? Le seul prétexte allégué est que « le sens du verbe "induire" n’est plus suffisamment "courant" pour être d’un usage clair ».
Mais ce motif me semble bien léger... La langue employée dans l'exercice du culte doit être différente de l'usage qui en est fait dans les circonstances plus triviales de la vie courante.
D'ailleurs, à l'usage, répétée par des millions de bouches francophones, cette expression deviendrait courante, justement. (Je me cite.)
Et contrairement à « entrer en tentation », l'expression « induire en tentation » n'est pas une innovation langagière. Elle est dûment consignée dans les dictionnaires, illustrée par de nombreux auteurs, etc. (Elle ne sort pas seulement de l'esprit tourmenté de quelques théologiens linguistes.)

L'interrogation de M. Enthoven, et son interprétation à côté de la plaque (et potentiellement malveillante) ne viennent pas de nulle part.
Dans les autres langues on n'éprouve pas le besoin de retraduire aussi souvent cette formule.
« ne nous induis pas en tentation », c'est ainsi que l'on pourrait traduire la formule utilisée en anglais, en allemand, en néerlandais, etc.

Est-ce à dire que la traduction latine de Saint Jérôme, patron des traducteurs, était fautive et hétérodoxe ?

Les francophones seraient-ils les seuls, en 2017, à bénéficier d'une traduction fidèle et satisfaisante ?

jeudi 16 novembre 2017

Queneau et l'écriture « inclusive »

L'écriture inclusive détruit systématiquement le potentiel créatif de la langue française.
Pour mieux comprendre, voyons comment Raymond Queneau joue avec la grammaire du français. Au lieu de bousculer la langue, de la forcer, il la manie délicatement, comme un instrument de musique. Voici deux exemples où se manifeste avec éclat son art de littérateur :
Il écoutait attentivement les remarques, les interjections, les plaisanteries, les jurons, les brocards. Il y ajoutait les siens et les siennes. (Les Derniers Jours)
L'emploi conjoint des deux genres a toute sa place. Le personnage (aveugle) ne manque pas une occasion de mêler sa voix au concert général, compensant sa cécité par une langue bien pendue.
Dans cette foule, il y avait des êtres exceptionnels et merveilleux, mais aucune relation possible ne pouvait s'établir entre elles et lui. (idem)
Le genre sert ici à marquer la différence entre l'idéalisme du personnage (peut-on un mot plus asexué que le mot « être », dont le genre a évidemment une valeur de neutre ?) et son manque de connaissance pratique du sexe opposé (autrement nommé « le beau sexe », ou encore « le sexe » tout court, jolie collection d'expressions sexistes). Paralysé dans son commerce avec les femmes par son manque d'expérience et son idéalisation du beau sexe, le jeune homme préfère rester assis à rêvasser.


L'article consacré à Raymond Queneau dans le Dictionnaire encyclopédique de la littérature française note à la fois son inépuisable créativité, ses recherches sur le langage, notamment à travers l'Ouvroir de Littérature Potentielle, la place essentielle qu'occupent les personnages féminins dans son œuvre (« éléments moteurs des romans qu'elles habitent ») et son imperméabilité aux modes. Qu'aurait-il pensé de cette initiative inepte et barbare qui dénature le langage en y important les névroses du temps ?

lundi 6 novembre 2017

Le roi bourgeois

J'en rajoute une couche sur la monarchie :

Vous avez raison : nous sommes à l'époque du sujet roi. Voilà pourquoi je pense qu'un roi bourgeois, un roi citoyen, ne serait pas de trop et ne déparerait pas le tableau. Tous les rois et reines de notre époque sont, à des degrés divers, des monarques bourgeois, mais ce qu'ils gardent de transcendance est un gage de stabilité, une garantie pour l'avenir. Pour mettre fin à l'idolâtrie déplacée du président de la République, suivie de crises d'iconoclasme, il est urgent de rétablir la monarchie.

N'est-ce pas frappant ? Les familles régnantes mènent des vies beaucoup plus réglées, normales que la plupart de nos dirigeants politiques déconnectés. Malgré leur position, en haut de la hiérarchie sociale, les familles royales vivent plus bourgeoisement que l'aristocratie hors-sol qui gouverne. Elles renvoient une image de domesticité rassurante, qui contraste avec les vies tumultueuses de nos élites.



Louis Capet enfin vengé !

Voici un nouveau commentaire déposé en dessous d'un article de M. Tandonnet (décidément stimulant) :

Votre esquisse de constitution présente d'indéniables avantages sur le système actuel. J'aime l'idée que le président de la République soit relativement étranger au milieu politique. Mais j'irais un peu plus loin, car la seule manière d'être un président au-dessus des partis (et complètement étranger aux cabales, manœuvres, intrigues de palais et autres combinaisons mesquines), c'est d'être un monarque héréditaire. Un monarque héréditaire sera toujours moins vaniteux qu'un président élu.

(En plus, seule la monarchie héréditaire pourrait assurer une forme de continuité historique avec les mille ans d'histoire qui nous précèdent. Que pensez-vous d'un roi qui descendrait du régicide Philippe Égalité, en même temps que de Charles X, ce qui est le cas de Jean d'Orléans, et dont l'aïeul Louis-Philippe a combattu à Valmy ? Un roi qui présiderait, comme seuls les rois savent le faire, les cérémonies du 14 juillet. Cela permettrait de refermer définitivement les blessures de la Révolution.

Je suis de ceux qui pensent que le fait de descendre du régicide donne au candidat orléaniste un surcroît de légitimité. Louis Capet enfin vengé !)



dimanche 5 novembre 2017

Nul ne préside mieux qu’un monarque. Il faut un Roi pour couronner la République. Vaticinations monarchistes.

Encore un commentaire laissé en dessous d'un article de M. Tandonnet :

Je ne vais pas recommencer avec ma lubie monarchique (ou plutôt si : tactique de la prétérition), mais vous me tendez une perche à nouveau. Il me semble que le Général de Gaulle était une exception dans l’histoire politique récente. Celui qui incarne le mieux cette idée d’un président au-dessus des partis, de la mêlée et du brouhaha n’était pas issu du « marigot ». Il n’avait pas fait ses classes dans le petit monde politique de la IIIe République, où il était apparu brièvement, peu avant l’invasion allemande. Sa légitimité, confirmée dans les urnes longtemps après, il l’a acquise ailleurs.
Inutile de rappeler (prétérition toujours) que la plupart des monarques européens battent les records de popularité des dirigeants européens pourtant démocratiquement élus. (Je n’ai pas vérifié cette affirmation mais elle me paraît une évidence.) Vous me direz que leurs sphères ne sont pas les mêmes : justement. Il me semble que la Ve République est une solution bâtarde, foncièrement inadaptée.
Nul ne préside mieux qu’un monarque.

samedi 21 octobre 2017

Rectificatif

En fait j'ai complètement changé d'avis concernant la Maison Rigo.
Après avoir visionné une vidéo montrant l'intérieur, je suis convaincu de sa valeur esthétique et historique indéniable. D'un point de vue esthétique, elle offre un contraste pittoresque avec le building de verre qui la domine de sa hauteur écrasante. Loin d'obstruer la vue, elle agrémenterait le paysage, apportant, selon les mots de la valeureuse présidente de l'association qui défend la cause de sa sauvegarde, «  une note de chaleur et de couleur bien nécessaires sur cette vaste esplanade où demain le béton sera roi ».

Je suis également convaincu de son utilité pratique. Ce bâtiment, synthèse admirable de différents styles, pourrait être avantageusement converti en office de tourisme/magasin de souvenirs/restaurant traditionnel. Il constituerait une première halte pour les touristes venus de la gare des Guillemins, qui s'apprêteraient à traverser la passerelle La Belle Liégeoise, pour visiter le musée de La Boverie.

Dans ces conditions, l'obstination des pouvoirs publics à vouloir la détruire est parfaitement incompréhensible. Malgré le soutien de nombreuses autorités scientifiques, la mobilisation de la population, et le combat sans relâche de l'ASBL « SOS Mémoire de Liège » qui a pratiquement tout essayé, la maison est maintenant promise à la destruction.


jeudi 19 octobre 2017

« Des Ostrogoths veulent détruire la maison Rigo »

Les Liégeois sont paradoxaux. Certains de leurs ancêtres ont participé à transformer la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Lambert en carrière de pierre (tandis que les Français décapitaient les statues, les habitants de la cité ardente, au tempérament bouillant comme chacun sait, ont poussé le zèle révolutionnaire jusqu'à raser leur cathédrale, qui était une des plus belles et des plus impressionnantes du monde) et aujourd'hui ils s'acharnent à préserver une maison qui présente un intérêt historique et esthétique somme toute mineur.

Ses défenseurs le clament bien haut, la maison Rigo, hôtel particulier de style néo-mosan, n'est pas un vulgaire pastiche, ce n'est pas une copie servile, puisqu'elle comporte beaucoup de fenêtres et « un garage pour y mettre des voitures ».
La ville veut supprimer cette verrue vingtiémiste pour dégager la vue sur l'esplanade de la gare, cathédrale de verre dont les voûtes culminent à septante mètres.

« La destruction doit avoir lieu dans les prochaines semaines, mais si d'ici-là un amateur souhaite la racheter afin de la reconstruire ailleurs, la ville de Liège, qui a dépensé dans cette histoire un million d'euros, l'invite à se faire connaître. » (RTBF)





samedi 26 août 2017

Les politiques ne sont pas des anges 2

Commentaire posté aujourd'hui au-dessous d'un article de M. Tandonnet intitulé

Qu’est-ce qu’un homme d’Etat?

L’homme d’État procède du monde des réalités, mais en même temps c’est un idéaliste, si je comprends bien. Plus qu’un héros, notion encore trop sujette à fantasmes, votre homme d’État me semble être un saint, quelqu’un qui pratique la charité à un haut niveau.

On se fait de fausses idées sur la sainteté. Quand les petites affaires de Fillon ont éclaté au grand jour, j’ai lu des absurdités, comme « je ne crois pas qu’un saint ferait un bon homme d’État ». Un saint, c’est tout bonnement quelqu’un qui fait de son mieux (avec la grâce de Dieu bien entendu). Ce n’est pas quelqu’un coupé du monde des réalités, au contraire.

Allez jusqu’au bout de votre pensée, vous serez vite persuadé de l’applicabilité de l’enseignement de l’Église en matière politique et vous nous proposerez en exemple des hommes et des femmes choisis dans la galerie des saints ayant exercé le pouvoir politique avec efficacité, c’est-à-dire avec bon sens et charité.



vendredi 21 juillet 2017

Trollage au nom de la cause

Parfois, je fais de la retape bénévolement pour la famille de France  ressassant les mêmes idées qui ne perdent rien à être développées.



Commentaire posté le 19 mai dernier au-dessous d'un article de M. Tandonnet intitulé 
La tragique absurdité du régime politique français

Seule une monarchie parlementaire permettrait de canaliser cet « instinct primitif » dont vous parlez. Si le monarque n’est pas un chef de meute, un chef de clan, et s’inscrit dans une succession héréditaire, il devient le dépositaire de l’autorité. Le culte qui lui est rendu n’est pas un culte à sa personne, il honore sa fonction et, à travers elle, le pays lui-même. Au lieu de déchaîner les passions malsaines en entretenant l’illusion qu’il est l’homme providentiel, le sauveur, le monarque héréditaire peut se concentrer sur sa mission essentielle qui est de servir, car il doit lui-même sa position à un hasard providentiel.

La monarchie parlementaire constitue donc un progrès par rapport au régime hyperprésidentiel que vous décrivez.



Commentaire posté aujourd'hui sous un article de M. Tandonnet intitulé
Une affaire d’homme ou de système?

Au risque de me répéter, le système le mieux à même d’encadrer et de canaliser cet instinct d’adulation, c’est la monarchie héréditaire. La personne du roi n’est pas un deus ex machina surgi d’une élection, il s’inscrit dans une lignée qui le dépasse et le transcende. Son amour pour le pays n’est pas douteux ni frelaté, car il a été élevé dans l’idée qu’il l’incarnerait, qu’il l’incarnait déjà. De plus, étant lié génétiquement à l’histoire et à la formation du pays, les hommages qui lui sont rendus sont des hommages rendus à la nation, qui dépassent sa petite personne.

Encore une fois, la monarchie héréditaire est l’antidote à ce régime hyperprésidentiel dégénéré.




jeudi 8 juin 2017

Les politiques ne sont pas des anges

J'ai lu cet article sur Causeur qui m'a fait tiquer. Alors j'ai rédigé ce commentaire :


À chaque fois que je lis ce lieu commun (confer le titre de l'article), je tique. L'histoire ne manque pas de saints ayant exercé efficacement le pouvoir. Un saint, ce n'est pas un mystique évaporé. Il y a des saints pour tous les goûts, à tous les échelons de la hiérarchie sociale.

Comme je l'ai écrit ailleurs (permettez-moi de me citer) : Les saints sont des êtres humains avec leurs qualités (dont l'aptitude à gouverner, à savoir trancher, peut faire partie) et leurs défauts (peut-être une propension à l'autorité), confrontés à la réalité dans sa complexité et dans sa crudité.
Une certaine exemplarité morale et l'aptitude à gouverner ne sont absolument pas incompatibles. Quelle drôle d'idée reçue !
Être un saint, ce n'est pas avoir été « moralement infaillible », ni « moralement impeccable », mais avoir fait de son mieux à un moment de sa vie et jusqu'à la fin, ce qui vous vaut une promotion.
Quand vous dites que « les gens moralement bien intentionnés qui aident de façon bénévole les clandestins pour des raisons humanitaires sont moralement impeccables », je ne vous suis pas non plus. Vous savez comme moi que l'enfer est pavé de bonnes intentions. Un acte n'est pas « moralement impeccable » parce qu'il part d'un bon sentiment. Je ne suis pas casuiste, et vous non plus, mais quand même, un peu de rigueur !
Mais où avez-vous lu ou entendu que les saints seraient « des êtres humains qui n’ont même pas besoin de résister à la tentation » ? L'intérêt des vies de saints réside précisément dans leur combat contre la tentation où les emporte leur nature humaine.
Les saints sont des êtres humains. Mais peut-être voulez-vous dire que les élus ne sont pas des anges ? Là, nous sommes d'accord. Les élus ne sont pas des purs esprits.


jeudi 11 mai 2017

Pourquoi je n'ai pas voté (pour Marine Le Pen) dimanche dernier

Quelques semaines avant le premier tour de cette élection capitale pour le pays, puisqu'elle avait pour but de choisir le chef de l'État, j'ai eu la présence d'esprit d'appeler la mairie de mon ancienne commune de résidence pour vérifier si, contrairement à ce que je croyais, j'étais toujours inscrit sur les listes électorales. La réponse positive que je reçus me procura une grande joie. J'allais pouvoir participer à ce grand rendez-vous démocratique, j'allais être partie prenante. Immédiatement je me suis mis en devoir de trouver un mandataire. Comme je ne connaissais personne de confiance qui soit inscrit dans la même commune (aussi étonnant que cela puisse paraître), je me suis adressé au parti du candidat qui avait mes faveurs, qui s'est fait un plaisir de me fournir les coordonnées d'une militante qui serait ma mandataire. Quelques mots échangés au téléphone − un rapport de complicité s'était établi entre nous du fait de notre choix commun, et je sautais dans un train dans le but exprès de me rendre au consulat général de France à Bruxelles faire valider ma procuration.

Voilà jusqu'où j'ai poussé le zèle civique.

Le jour du premier tour, ma mandataire m'a envoyé un mail en début d'après-midi pour m'informer qu'elle s'était acquittée de sa mission. Je lui ai répondu que dans l'hypothèse invraisemblable où [notre candidat] atteindrait le second tour, je lui renouvellerais ma procuration.

Les résultats sont tombés, et on s'est retrouvé avec le duo infernal qui nous était promis depuis le début. La semaine suivante, après quelques débats intérieurs (la délibération a été très brève), j'ai appelé le consulat général de France pour demander jusqu'à quand je pouvais établir ma procuration sans courir le risque qu'elle ne soit pas traitée. Il ne me restait que le lendemain vendredi. Si je me déplaçais le mardi suivant, mon interlocuteur ne répondait de rien. Sans tergiverser je me suis emparé de mon téléphone et j'ai composé le numéro de la section locale du Front National. (...)
Lâchement, j'ai laissé passer le vendredi. L'annonce du ralliement de Dupont-Aignan se faisait attendre.
Et puis le soutien de Marie-France Garaud* m'a confirmé dans mon choix. Je n'étais pas tellement ébranlé par la rhétorique anti-fasciste qui se déployait.

Finalement, dans ma douche le mardi matin, j'ai décidé que me rendre à Bruxelles exprès (sans être sûr que ma demande aboutisse) constituait une démarche militante qui ne correspondait pas à mon état d'esprit.





* Il y a des années, étudiant en échange dans une université étrangère je m'étais inscrit dans un cours d'introduction aux sciences politiques. L'examen final consistait à écrire trois billets de blog sur des sujets politiques et j'en avais consacré un à Marie-France Garaud.

dimanche 16 avril 2017

Comparaisons fallacieuses

Au long de la campagne on n'a pas su quoi inventer pour défendre la candidature de M. Fillon.
On a voulu réhabiliter son cas par des comparaisons fallacieuses. Fillon a été comparé à Mazarin (comme si son bilan soutenait la comparaison avec celui du grand commis) par J.-P. Brighelli, à de Gaulle... Ainsi Paul-Marie Coûteaux écrit dans un tweet :
« De Gaulle a été condamné à mort par la Justice française, il fut cependant porté au pouvoir par la suite, et la France s'en porta bien. »
Oui mais de Gaulle a été condamné à mort pour avoir osé braver un pouvoir illégitime, c'est là un de ses titres de gloire. Fillon a été mis en examen dans une série d'affaires peu reluisantes. En d'autres termes, de Gaulle a encouru la peine de mort pour s'être rebellé ; Fillon est mis en examen pour avoir profité du système. Aucun rapport.
Les affaires dans lesquelles Fillon est impliqué sont de bien médiocres affaires, à la hauteur de son passage à Matignon. Je vous laisse deviner la différence avec Mazarin, Talleyrand, et les autres...

vendredi 31 mars 2017

« Ne nous induis pas en tentation... »

Comme ce collègue blogueur, je suis gêné par l'expression  « ne nous laisse pas entrer en tentation », formule officiellement choisie pour remplacer le (maintenant) traditionnel « ne nous soumets pas à la tentation » de la patenôtre.
On entre en religion (par extension, en politique), pas en tentation !
Pourquoi ne pas dire « ne nous induis pas en tentation »* ? On induit bien en erreur, pourquoi pas en tentation ? La formule aurait l'avantage d'être plus proche de l'expression latine. Le seul prétexte allégué est que « le sens du verbe "induire" n’est plus suffisamment "courant" pour être d’un usage clair ». Mais à l'usage, répétée par des millions de bouches francophones, l'expression deviendrait courante, justement. Et je ne comprends pas les gens qui sacrifient la pureté de la langue à une clarté douteuse.

Ces reformulations multiples ne trahissent-elles pas un trouble inconscient autour de l'idée même de tentation et celle de péché ?



* On trouve cette expression chez Huysmans, je crois.

mercredi 1 février 2017

« Faire »



Contrairement à ce que le titre de son livre-programme laisserait supposer, François Fillon est un diseux (et non pas un faiseux), pour reprendre la terminologie d'Alexandre Jardin. Il est tout entier dans le verbe, dans l'incantation, dans la répétition en boucle de paroles creuses sans rime ni raison.

Ce n'est même pas un beau parleur, car sinon son discours risquerait d'être cohérent et donc d'être transposable dans la réalité. Il n'a pas la verve littéraire d'un Henri Guaino.

Voilà pourquoi je crois Patrice de Plunkett sur parole quand il décrit le discours de Fillon à La Villette comme un tissu d'incohérences, un patchwork d'idées contradictoires.

Je préfère lire son compte-rendu que de subir les envolées « champignaciennes » de l'ex-député de la Sarthe.

vendredi 27 janvier 2017

Affaire Penelope

J'ai regardé l'intervention de M. Fillon au 20 heures de TF1 hier  en léger différé, parce que je n'ai pas la télévision, et le moins qu'on puisse dire c'est qu'il ne m'a pas convaincu.

Il semble, à entendre F. Fillon, que Penelope a rempli les devoirs d'une épouse dévouée, pas les missions d'une assistante parlementaire. Il aurait pu aussi bien parler du café qu'elle lui prépare le matin ou des biscottes qu'elle beurre pour lui.

On mélange les genres. Penelope peut être considérée comme la partenaire de François, on peut à la limite considérer qu'ils forment une équipe tous les deux, mais elle n'a rien d'une collaboratrice professionnelle. En tout cas Fillon n'a apporté aucun élément tangible démontrant le contraire.

dimanche 22 janvier 2017

L'improbable « chef de file du monde libre »

Commentaire inspiré par la lecture de cet article de Maxime Tandonnet et d'autres commentaires :
Les Américains ont une opinion majoritairement défavorable de Trump, mais une nette majorité d’Américains se déclare optimiste quant à l’avenir… Les électeurs de Trump ne le tiennent pas nécessairement en haute estime, ils ne l’ont pas élu pour sa vaste culture ou pour son goût raffiné, ni parce que son apparence physique est le reflet de sa bonté morale. Ils l’ont élu pour sa capacité à gouverner. D’autre part, ils ont élu quelqu’un qui, certes a mieux réussi qu’eux, mais qui leur ressemble par certains côtés. Ils n’ont pas élu un guide spirituel mais un porte-parole et, plus basiquement, un chef.